Les Français pour le droit de vote des étrangers

L'enquête Ipsos / Marianne montre que le racisme ne concerne qu'une minorité de personnes Les Français sont même majoritairement favorables au droit de vote des étrangers aux municipales, et à l'égalité de traitement pour toutes les personnes résidant dans l'hexagone.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Près d'un Français sur deux (45%) estime que "le droit de vote aux élections municipales devrait être accordé à toutes les personnes résidant en France depuis plusieurs années, quel que soit leur pays d'origine". La majorité qui se dégage en faveur de cette opinion tient surtout aux avis des proches de la gauche plurielle (58% d'opinions favorables), des moins de 35 ans (58%) ou des plus fortunés (le pourcentage de personnes d'accord avec cette idée croît avec le revenu). Les sympathisants de droite sont en revanche hostiles à cette proposition (seulement 28% d'avis favorables), estimant en majorité que "le droit de vote en France devrait être exclusivement réservé aux citoyens français" (45%).Quant à la troisième proposition, accorder le droit de vote aux municipales des citoyens de l'Union européenne, elle ne satisfait que 18% des personnes interrogées. Paradoxalement, c'est la seule des trois propositions qui corresponde à la loi en vigueur.

Si les sympathisants de droite sont plutôt contre le droit de vote des immigrés ce n'est apparemment pas par racisme. Près de 80% d'entre eux, soit la même proportion que pour l'ensemble des Français, jugent que "toutes les personnes vivant en France doivent bénéficier d'une égalité de traitement (logement, emploi) quelles que soient leur nationalité, leur origine ou leur couleur de peau". Les sympathisants de droite comme l'ensemble des Français sont également plus de huit sur dix (85%) à considérer "qu'il n'y a pas de races supérieures aux autres". Les femmes et les agriculteurs sont un peu plus nombreux que le reste des Français à croire à la supériorité de certaines races.

Sans aller jusqu'à parler de racisme, certaines réponses laissent toutefois planer l'ambiguïté sur l'état d'esprit des Français. Ainsi, une personne sur deux pense "avoir plus de choses en commun avec un Européen non français" (50%) qu'avec "un Français de deuxième génération, d'origine africaine, maghrébine ou asiatique" (23%). A noter que cette question semble en embarrasser plus d'un puisque plus d'une personne sur quatre (27%) a choisi de ne pas y répondre.

Par ailleurs, si le nombre de personnes se considérant ouvertement racistes est très faible (4% des Français), près d'un Français sur deux (47%), déclare "qu'il peut avoir des réactions susceptibles d'être considérées comme racistes". Le reste des sondés (48%), en majorité les moins de 35 ans, ne se considère pas raciste du tout.Dans la pratique, l'ambiguïté demeure. Si plus de la moitié des Français ne voient aucune objection à ce que leur fils ou leur fille épouse une personne d'origine étrangère, un tiers en revanche "serait choqué, mais ne ferait rien contre". Une personne sur dix tenterait même de s'opposer à une telle union. Là encore, les sympathisants de gauche apparaissent nettement plus tolérants que les proches de la droite. Comme on pouvait s'y attendre, les plus radicaux sont les proches du FN et du MNR, dont une majorité tenterait de dissuader leur enfant.

 Le rejet des gens de couleur est présent dans toutes les strates de la société, plus particulièrement dans les milieux les plus défavorisés et les moins éduqués. Au final cependant, l'étude montre que l'opinion anti-raciste emporte à chaque fois la majorité des suffrages.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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