Les Français trouvent Jospin assez à gauche
Interrogés après ses déclarations sur les licenciements à Michelin et avant son discours de Strasbourg, les Français trouvaient le Premier ministre ni trop ni pas assez à gauche. Mais ils ont peu apprécié sa réaction à cette affaire.
Pas assez à gauche, Lionel Jospin ? C'est ce que la rumeur politico-médiatique laissait entendre après sa prestation télévisée, généralement jugée "ratée", du 13 septembre. La plupart des commentateurs avaient cru y déceler un "tournant libéral" du Premier ministre. Interrogés par Ipsos pour "l'Evénement" avant même que Jospin ne corrige le tir le 27 septembre, les Français ne s'en étaient, pour leur part, guère émus.
Une majorité relative de sondés considère que le chef du gouvernement est "juste ce qu'il faut", entre le "trop à gauche" et le "pas assez à gauche". Seule l'électorat communiste et, dans une moindre mesure, celui des écologistes se plaint de la modération jospinienne. Les sympathisants du PS se sentent à l'aise avec ce que d'aucuns décrivent comme du "social-libéralisme". Même dans l'électorat de droite, l'équilibre cher à Jospin rencontre une sympathie majoritaire, pas plus du quart des personnes interrogées trouvant le Premier ministre "trop à gauche".
Cette bienveillance ne signifie pas que les Français applaudissent à tout ce que dit leur populaire chef de gouvernement. Sa réaction d'impuissance face à l'annonce, par Michelin de licenciements, concomitants avec d'imposants bénéfices, a été mal perçue. Une majorité absolue lui donne "tort" d'avoir déclaré, en cette occasion, que "l'Etat ne peut pas aujourd'hui administrer l'économie". Les sympathisants du PCF et des Verts sont les plus sévères. Ceux du PS se partagent en deux camps de même poids. A droite, la contestation l'emporte même si elle vise sans doute autant le gouvernement que l'étatisme. Cette question ramène, contrairement à la précédente, aux clivages sociologiques traditionnels. Artisans, commerçants, chefs d'entreprise donnent "raison" à Jospin tandis qu'ouvriers et employés manifestent majoritairement leur désaccord.