Les maires souffrent de la complexité de la réglementation

Les maires endurent nombre de difficultés, rapporte une enquête Ipsos pour " le Courrier des maires ". La complexité des normes juridiques arrive en tête de celles-ci, suivie par le manque de moyens humains et financiers. Et le statut de l’élu pose toujours problème.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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La complexité des réglementations et des normes constitue la principale difficulté rencontrée par les maires dans l’exercice de leur fonction (52 %). Viennent ensuite les responsabilités croissantes au niveau juridique (41 %) et le manque de moyens humains et financiers (39 %). Dans les communes de plus de 2.000 habitants, les responsabilités au niveau juridique sont autant mises en avant que la complexité des réglementations. On peut penser que l’importance accordée aux risques judiciaires constitue un élément nouveau par rapport à il y a quelques années. A l’inverse, les Maires des communes rurales se plaignent davantage des faibles moyens financiers et humains dont ils disposent.

Le manque de disponibilité personnelle est souligné seulement par 16 % des interviewés. Ceci ne signifie pas pour autant qu’il s’agit d’un problème mineur et s’explique avant tout par le fait qu’une proportion importante d’élus est à la retraite. Ainsi, 32 % des maires de moins de 55 ans considèrent le manque de temps comme l’une de leurs principales difficultés.

Interrogés sur le principal obstacle qu’ils rencontrent dans leurs relations avec leurs administrés, les maires sont beaucoup plus catégoriques et dénoncent avant tout la mise en avant d’intérêts particuliers (49 %) et ceci quelle que soit la taille de leur commune. On observe en revanche des différences notables dans la suite de la hiérarchie. Les maires des communes rurales se plaignent de l’indifférence de la population tandis que ceux des communes de plus de 2000 habitants reprochent à leurs administrés d’avoir une attitude consumériste.

Alors que le gouvernement s’interroge sur l’opportunité de réformer le statut des élus locaux, les maires portent un jugement assez mitigé sur celui-ci. Une majorité d’entre eux se déclare satisfaite (55 % contre 43 %), mais seulement 1 % s’estime très satisfait de leur statut actuel. Au delà de ce jugement d’ensemble contrasté, on constate de fortes différences d’appréciations selon la taille de commune. Les maires de plus de 10.000 habitants se déclarent mécontents à 72 % de leur statut actuel contre simplement 27 % de satisfaits. On peut faire l’hypothèse que leur mécontentement exprimé sur les risques judiciaires encourus, mais également le problème du montant des indemnités, expliquent en grande partie leur désapprobation massive du statut actuel.

Les élus sont également très partagés sur une éventuelle évolution qui viserait à les doter d’un statut d’agent public. 50 % y sont favorables et 40 % opposés. Là aussi, ce sont les maires des grandes communes mais également les maires de moins de 55 ans, c’est-à-dire les actifs, qui se montrent les plus réceptifs à ce changement de statut. Mais l’idée ne suscite visiblement pas l’enthousiasme.

Les dernières élections municipales avaient été marquées par une proportion importante de maires qui avaient décidé de ne pas se représenter. Ceci pourrait se reproduire dans trois ans. En effet, 45 % des maires pensent qu’ils ne solliciteront pas un nouveau mandat en 2001 et seulement un sur cinq se déclare certain de se représenter. Même chez les maires qui accomplissent leur premier mandat, uniquement un sur trois se dit certain de solliciter un nouveau mandat et 25 % jugent probable ou certain qu’ils passeront la main.

Les maires qui ne sont pas certains de se représenter le justifient avant tout par des raisons personnelles (65 %) mais également dans une proportion notable à cause de la fonction et du statut qu’ils trouvent trop ingrats. Au total, les manques du statut actuel des élus expliquent en grand partie, de manière directe ou indirecte, le pourcentage important de maires qui hésitent à solliciter un nouveau mandat. En effet, si beaucoup souhaitent renoncer à cause de leur âge, c’est précisément parce que les problèmes liés au statut actuel (montant des indemnités, non-garantie de retrouver son emploi dans le privé en cas de défaite, …) font qu’un nombre important de maires sont aujourd’hui des retraités

Le développement de l’intercommunalité est avant tout perçu comme une chance (70 %) plutôt que comme une perte d’autonomie (26 %). Les maires des communes rurales se montrent un peu plus réticents que ceux des communes de plus de 2.000 habitants. Et l’interrogation porte sur le principe même de l’intercommunalité et non sur des modalités précisément contraignantes…

Les maires se définissent avant tout comme entrepreneurs et développeurs (47 %) plutôt que gestionnaires et économes (30 %) ou médiateurs et garants de la cohésion sociale (21 %). On observe cependant des différences notables selon la couleur politique des élus et la taille de la commune. Les élus de gauche et des communes de plus de 20.000 habitants se considèrent davantage comme des médiateurs tandis que les maires des communes rurales se définissent plus comme des gestionnaires économes. Tant il est vrai que l’univers des premiers magistrats des communes est d’une incroyable diversité.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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