« Les opinions mondiales face aux produits de contrefaçon »

Le Ministère de l’Economie et des Finances et l’Institut national de la propriété industrielle (INPI) ont demandé à Ipsos de réaliser une étude sur les produits de contrefaçon, afin d’obtenir un certain nombre d’informations sur ce thème : quelle est la proportion d’acheteurs ? Existe-t-il un potentiel de développement ? Quels sont les principaux freins à l’achat ?

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Près de quatre personnes sur dix ont déjà acheté un produit de contrefaçon

38% des personnes interrogées ont acheté au moins un produit de contrefaçon, contre 62% qui n'en ont jamais acheté. Les catégories de produits contrefaits les plus achetées sont les vêtements (17% des personnes interrogées en ont déjà acheté), les CD/cassettes audio (14%), les DVD/cassettes vidéo (13%), les chaussures (11%), les parfums ou produits de cosmétique (11%) et les produits alimentaires (10%). En moyenne, les acheteurs se sont procuré des marchandises contrefaites dans 4,3 grandes catégories de produits.

Si la très grande majorité de personnes n'a donc pas acheté de produits contrefaits, il faut souligner qu'une partie (23%) de ces " non acheteurs " serait prête à s'en procurer si l'occasion se présentait. Sur certains produits, la proportion de personnes qui pourrait en acheter est relativement élevée. Ainsi, les vêtements sont des produits qui sont à la fois les plus achetés et les plus susceptibles de l'être par les non acheteurs. D'autres marchandises sont encore peu achetées mais la proportion de personnes indiquant qu'elles pourraient s'en procurer si l'occasion se présentait est supérieure à la moyenne, signe d'un développement potentiel significatif : il s'agit notamment de la maroquinerie, des fleurs, des jouets et de l'outillage.

Ces résultats d'ensemble cachent certaines disparités selon les pays. Ainsi, les acheteurs de produits contrefaits sont nettement plus nombreux en Espagne (56% des habitants ont acheté au moins un produit) et en Allemagne (51%). L'Italie compte 36% d'acheteurs, les Etats-Unis et le Royaume-Uni 35% et la France 30%. En revanche, la hiérarchie est quelque peu différente lorsque l'on regarde la moyenne de produits achetés : les Etats-Unis sont en tête (en moyenne 5,4 produits achetés), tandis que l'Espagne et l'Allemagne sont plus en retrait (respectivement 3,7 et 3,5). Quant à la France, elle est à nouveau en bas de hiérarchie avec une moyenne de 2,6. Enfin, la hiérarchie des produits contrefaits les plus achetés est similaire dans tous les pays, avec le même trio de marchandises en tête des acquisitions de contrefaçon (vêtements, CD/cassettes audio, et DVD/cassettes vidéo) sauf en France et en Allemagne où le matériel audiovisuel est délaissé au profit des parfums ou autres produits de cosmétique, des chaussures (en France) ou des produits alimentaires (en Allemagne).

En France, une déclaration plus faible d'achat

Les Français sont donc ceux qui déclarent à la fois le moins avoir acheté un produit de contrefaçon (30%) et ceux qui, parmi les acheteurs, achètent le moins de produits (2,6). Depuis un an, l'achat de produits contrefaits (ou sa déclaration) semble avoir reculé en France, puisqu'ils étaient 35% lors de la précédente enquête menée en 2005. Toutefois, il faut souligner que parmi les Français non acheteurs, un tiers (34%) pourrait le faire si l'occasion se présentait. D'ailleurs, la proportion de personnes indiquant qu'elle pourrait acheter des produits de contrefaçon est souvent plus élevée que celles avouant en avoir déjà acheté. C'est le cas pour les vêtements contrefaits (14% s'en sont déjà procurés et 17% pourraient le faire s'ils en avaient l'occasion), les chaussures (respectivement 7% et 16%), l'horlogerie (5% et 11%), la maroquinerie (5% et 13%), les cassettes vidéo et DVD (5% et 16%) ou les CD et cassettes audio (5% et 15%). A défaut de faire l'objet d'un achat massif, le développement potentiel de ces produits n'est donc pas négligeable.

La punition, principal frein à l'achat de produits de contrefaçon

Parmi l'ensemble des arguments testés, ce sont ceux qui touchent personnellement l'acheteur, en le punissant sévèrement ou en présentant un risque pour lui-même, qui ont le plus d'impact. Ainsi, plus de deux acheteurs sur trois (69%) seraient " beaucoup " freinés dans leur démarche s'ils risquaient réellement la prison. Les conséquences sur leur propre sécurité sont également mises en avant par une large majorité d'acheteurs (64%), tout comme la connaissance de lien avec des réseaux criminels (64%) ou le fait de payer une amende (59%). En revanche, certains arguments ont moins de poids, comme l'argument plus citoyen ou collectif de la perception d'un impact négatif sur l'économie et l'emploi (qui bloquerait " beaucoup " 53% des acheteurs), la meilleure identification de l'origine des produits (46%) ou le renforcement de la répression, tant au niveau national (42%) qu'européen (44%).

Si l'on s'intéresse non plus seulement aux acheteurs mais aux personnes qui ont déjà acheté un produit ou seraient tentées de le faire, on retrouve les mêmes arguments, cités dans un ordre et dans des proportions similaires. En revanche, la rupture se fait au niveau des personnes qui n'ont jamais acheté de produits contrefaits et n'envisagent pas de le faire non plus. Ces dernières, amenées à s'interroger sur les raisons qui selon elles pourraient " beaucoup " freiner l'achat de produits contrefaits, citent les arguments dans le même ordre que les acheteurs, mais dans des proportions nettement plus faibles. Ainsi, 48% de ces personnes évoquent le risque de la prison comme frein très important à l'achat de produits de contrefaçon, soit 21 points de moins que la proportion d'acheteurs qui évoquent cette même raison. Ces écarts se retrouvent quels que soient les arguments.

Concernant la France, les arguments aux conséquences personnelles directes marquent encore plus les acheteurs : 81% seraient " beaucoup " freinés par la crainte d'un séjour en prison, 72% par la conscience de conséquences graves sur la sécurité des consommateurs. Si la prison est le principal repoussoir des acheteurs, elle n'arrive qu'en deuxième position auprès des personnes qui n'ont pas acheté de produits et ne seraient pas tentées de le faire, derrière la crainte pour la sécurité des consommateurs (respectivement 52% et 61%).


Fiche technique :

L’enquête a été menée du 12 au 20 mai 2006, auprès de 5 974 personnes, dans six pays (France, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, Italie et Etats-Unis).

Les échantillons de chaque pays sont représentatifs de la population âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas : sexe, âge, profession du chef de famille, région, habitat).

L’échantillon global tient compte du poids de chaque pays.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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