Les proches du PS en quête d'un chef de file
Le banc d'essai des leaders socialistes candidats potentiels à la présidentielle 2007 montre surtout le vide qu'a laissé derrière lui Lionel Jospin. Selon l'enquête Ipsos-Le Point, Bertrand Delanoë et Jack Lang sont aujourd'hui les mieux placés en terme de popularité, Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn auraient, un peu plus que les autres, la stature d'un chef d'Etat ; mais aucune des personnalités testées ne suscite réellement l'enthousiasme.
Pour plus des deux tiers des sympathisants socialistes, ou plus largement des proches de la gauche parlementaire, le PS souffre aujourd'hui d'un manque de personnalités rassemblant les qualités nécessaires "pour faire un bon candidat à la présidentielle 2007". La mission est toutefois délicate, tant les proches du PS sont partagés sur la ligne à tenir : 46% d'entre eux souhaiteraient en effet que ce candidat "essaye le plus possible d'ancrer son projet au centre, au risque de perdre le soutien d'électeurs plus résolument à gauche", mais 42% préféreraient "un projet plus à gauche, quitte à perdre le soutien d'électeurs modérés". Difficile dans ces conditions de faire consensus, d'autant plus que le rapport de force devient évidemment plus favorable au projet plus à gauche lorsqu'on prend en considération l'avis des proches du PC et de l'extrême gauche (près de 14% des suffrages exprimés au 1er tour de la présidentielle 2002).
Aujourd'hui, aucune des candidatures potentielles testées n'est vraiment soutenue par plus de la moitié des proches du PS. Bertrand Delanoë et Jack Lang s'approchent de ce seuil (respectivement 46% et 45% des sympathisants estiment qu'ils feraient "d'excellents" ou de "bons" candidats), et laissent assez loin derrière Dominique Strauss-Kahn (38%), Laurent Fabius (36%) et François Hollande (30%).
Dans le détail, Bertrand Delanoë et Jack Lang semblent les mieux placés, chez les proches du PS comme plus globalement chez les sympathisants de gauche (EG-PC-PS-Verts), sur les critères de proximité. Ils apparaissent plus à même de "mettre d'accord toute la gauche et les Verts au second tour", "d'être attentif aux préoccupations des Français", "d'être proche et mobiliser les milieux populaires", de "respecter les engagements de campagne" et finalement de "faire un bon score au premier tour, et être présent au second".
Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius sont en revanche plus souvent cités, par les proches du PS comme par l'ensemble des Français, lorsqu'il s'agit de désigner "celui qui a le plus la stature d'homme d'état". Idem lorsque les Français choisissent celui qui aurait le plus de chance de battre le candidat de droite au second tour. Qu'ils se retrouvent face à Jacques Chirac, à Jean-Pierre Raffarin, à Nicolas Sarkozy ou à Alain Juppé, ce sont toujours Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn qui apparaissent, aux yeux des sympathisants socialistes comme de l'ensemble des Français, les mieux placés pour affronter les candidats potentiels de la droite.
Au final, aucun leader testé ne sort vraiment du lot. Symptomatiquement, les scores de Bertrand Delanoë, Jack Lang, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius sont très proches lorsque la question porte sur "celui qui semble réunir le plus de qualités pour être président" (moins de 5% d'écart, que l'on prenne en compte l'ensemble de l'échantillon ou simplement les choix des proches du PS). Seul François Hollande, en retrait sur presque tous les critères, semble hors-jeu.