Les réseaux sociaux se politisent de plus en plus avec la durée du confinement.
Alors que le COVID-19 gagne du terrain et que le confinement s’installe dans le temps, le quotidien des Français et leurs projections sur l’avenir sont bouleversés.
L’analyse des conversations lors des deux premières semaines évoquait l’évolution dans le ton des internautes, passant clairement de l’humour à la critique acerbe du gouvernement au fur et à mesure que le bilan s’alourdissait. Ce phénomène semble avoir atteint son paroxysme lors du dernier week-end de Mars (28/29), mais la politisation des messages est désormais installée alors que les blagues du début ont fortement diminué.
Alors que la thématique du déconfinement était très présente sur les plateaux TV, les internautes en ont très peu parlé, tant elle est jugée prématurée ; en revanche, la polémique sur les masques, les propos de Didier Lallement ou encore l’audition d’Edouard Philippe à l’Assemblée nationale le mercredi 1er Avril ont beaucoup fait réagir.
Le web social est la plaque tournante de l’expression et de l’évolution des points de vue des Français. Pour cerner leur vécu, leurs interrogations et leurs préoccupations quant au déroulement et aux conséquences de la crise, l’équipe Social Intelligence Analytics d’Ipsos analyse l’ensemble de la donnée publique générée par les Internautes sur les réseaux sociaux (Twitter, Instagram, Facebook) et sur les blogs et forums. Après extraction via l’outil de Social listening Synthesio, les données sont traitées par l’équipe de Data Science d’Ipsos grâce à l’Intelligence Artificielle.
Ce communiqué présente les thèmes majeurs de discussion du 30 Mars au 5 Avril 2020.
- Le sujet des masques continue d’incarner la valse-hésitation du gouvernement sur sa doctrine et ses choix en matière de mesures sanitaires. En phase avec la tendance observée les semaines dernières, les conversations gravitent autour des décisions des autorités et de l’état de l’épidémie en France (23% des conversations). Les changements de positions du gouvernement à l’égard des masques (inutiles un jour, indispensables un autre) déconcertent, laissent sceptiques, voire inquiètent quant à sa maitrise de la situation eu égard à ces contradictions.
Preuve du flou qui caractérise les informations qui circulent, la question du mode de transmission du virus via l’air (notamment à travers les postillons) redevient une préoccupation (4% des conversations) faute de connaissance définitive.
La personnalité de Sibeth Ndiaye est de plus en plus clivante et a tendance à cristalliser les critiques en tant que porte-parole de messages au jour le jour qui s’annulent les uns les autres ; affirmer ne pas savoir comment mettre un masque interroge aussi sur son niveau dans ce contexte de crise anxiogène.
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L’actualité internationale est le deuxième sujet le plus abordé dans les conversations (22%). Nombre de messages d'indignent de mesures jugées extrêmes pour faire face à la crise (géolocalisation des citoyens) ou au contraire, de la façon dont d’autres l’ignorent totalement (cf. propos du Président brésilien).
La manière dont les pays coopèrent (ou plutôt ne semblent pas coopérer) contre la crise est également source de critiques et d’inquiétudes : l’idéal européen n’est pas jugé à la hauteur de la crise qui révèle plutôt une réaction de protectionnisme aigu et égoïste. Il augure mal de la suite, le déconfinement à l’échelle de tous les pays victimes du Codiv-19…
Les informations internationales ne rassurent pas sur la décrue du virus dans un contexte où les chiffres communiqués par la Chine ne sont pas jugés fiables : comme le dit un utilisateur de Youtube, « il me semble qu'il manque quelques zéro au résultat officiel de la Chine ».
- Les Internautes continuent de critiquer le gouvernement et les dirigeants (19%), et ciblent d’abord la personnalité d’Emmanuel Macron, qui reste, de par sa position, la cible prioritaire, à l’instar de cet utilisateur de Facebook : « Pour en arriver là, un Macron qui s’entoure de crapules... La plus grosse c’est qui ?? 😊 Vivement que ce coronavirus s’arrête et qu’on éradique l’autre virus...»
Les propos du préfet de Paris Didier Lallement à l’égard des personnes contaminées ont également provoqué un torrent de réaction. Les Internautes raillent également le fait que l’audition devant l’Assemblée d’Edouard Philippe et d’Olivier Véran soit présidée par Richard Ferrand ; ils y voient une logique de collusion.
- Le poids des discussions autour de l’économie et de l’entreprise continue d’augmenter et représente 15% des conversations. On y trouve des messages de soutien aux producteurs et aux petits commerces ainsi que l’attente d’actions concrètes pour les aider. Certains analysent la crise actuelle comme une crise du capitalisme, encore plus qu’une crise sanitaire (3% des conversations). Plus pragmatiquement, beaucoup d’Internautes se posent des questions quant au chômage partiel et à la suppression des RTT.
- On continue de voir des discussions autour de la chloroquine (2%), stable par rapport à la semaine précédente, dans une tonalité parfois teintée de complotisme ; en revanche, les discussions autour de Didier Raoult ont largement diminué.

« Grâce à l’intelligence artificielle et à notre capacité de collecter en temps réel l’ensemble des informations partagées spontanément sur le web social, l’équipe Social Intelligence Analytics d’Ipsos se tient à votre disposition pour vous aider à comprendre les bouleversements que cette crise provoque au sein de notre société », conclut Leendert De Voogd, Directeur Monde Ipsos Social Intelligence Analytics.