L'UDF devient moins populaire que le PCF
Les divisions internes de l'UDF au lendemain des régionales se paient cher, selon le baromètre Ipsos-le Point. Ce parti et ses leaders sont désormais moins prisés par l'opinion que le PCF et Robert Hue.
La profonde crise qui secoue l'UDF abîme fortement son image. Avec seulement 32% de jugements positifs contre 56% d'opinions négatives, la formation créée par Valéry Giscard d'Estaing devient le parti le plus impopulaire, à l'exception du Front national. La confédération libéralo-centriste est désormais moins appréciée que le Parti communiste (34% de jugements positifs) dans l'opinion ! Ses divisions internes, marquées par l'isolement de François Léotard, les stratégies solitaires de François Bayrou et d'Alain Madelin ou encore l'exclusion de Charles Millon, se payent très cher. En un mois, l'UDF a perdu onze points de jugements positifs et gagné quatorze points de réactions négatives. La chute de popularité de ce parti menacé d'éclatement est particulièrement marquée chez les femmes, les plus de 35 ans, les cadres supérieurs, artisans, commerçants et chefs d'entreprise - autant de catégories plutôt orientées à droite.
Le "palmarès des leaders politiques" Ipsos-le Point confirme le triste état de l'UDF. La première personnalité de cette formation à y apparaître, François Bayrou, occupe la onzième place (sur vingt leaders testés). Avec 35% de jugements positifs (contre 41%), le dirigeant centriste est devancé par trois personnalités du RPR (Philippe Séguin, Charles Pasqua et Edouard Balladur) et même par le communiste Robert Hue (39% d'opinions positives). En un mois, Bayrou recule d'ailleurs de cinq points, chute plus marquée encore parmi les sympathisants UDF (huit points).
Son rival Alain Madelin se situe à peu près au même niveau que lui. Le champion de l'aile libérale de l'opposition, s'il recule de sept points dans l'ensemble des personnes interrogées, se maintient parmi les proches de l'UDF, regagne logiquement du terrain dans l'électorat FN et voit sa popularité progresser chez les hauts revenus. Madelin devance de peu Bayrou parmi les sympathisants UDF.
François Léotard, lui, fait figure de principale victime des événements de la dernière période. Avec seulement 26% de jugements positifs, le voici dix-huitième à ce palmarès, où il ne devance plus que les deux leaders du FN. Le président en titre de l'UDF perd, en un mois, dix points de popularité parmi les sympathisants de son propre parti. Sa chute est également très forte dans l'électorat d'extrême-droite ainsi que dans celui du PS. "Léo" est désormais très contesté dans son propre camp: seulement 49% des sympathisants UDF approuvent son action, contre 44% d'opinions inverses. Les cadres supérieurs et professions intermédiaires de même que les revenus élevés sont les plus sévères à son endroit.
Le triste spectacle de tractations offert par une partie de la classe politique au lendemain des élections régionales a rejailli négativement sur la plupart des dirigeants. Dix-sept personnalités sur vingt voient le cote baisser. Jacques Chirac et Lionel Jospin, qui sont intervenus dans la polémique suscitée par les alliances entre certains dirigeants de droite et le FN, pâtissent eux aussi de ce mouvement de désaffection de l'opinion. Le président de la République perd neuf points de jugements positifs. Les sympathisants du parti d'extrême-droite, qui n'ont évidemment pas apprécié que le chef de l'Etat mette solennellement en garde contre les alliances avec le FN, basculent massivement dans l'hostilité à son égard. Quant au Premier ministre, il recule de cinq points - essentiellement dans l'électorat UDF et écologiste. A l'heure où la modernisation des institutions est à l'ordre du jour, il apparaît surtout urgent de revaloriser l'image de la vie politique aux yeux des citoyens.