Parent : un métier difficile et souvent frustrant

L'étude réalisée par Ipsos pour la Fédération Nationale d'Aide et d'Intervention à Domicile montre qu'élever de jeunes enfants reste aujourd'hui un pari difficile. La majorité des parents ont le sentiment de ne pouvoir protéger suffisamment leur enfant des influences extérieures, et regrettent de ne pas passer assez de temps avec lui.

Auteur(s)
  • Etienne Mercier Directeur Opinion et Santé - Public Affairs
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Au vu des résultats de l'enquête réalisée par Ipsos pour la FNAID (*), il semble bien qu'aujourd'hui encore élever de jeunes enfants reste un pari difficile à tenir. Si pour 43% des parents d'enfants de moins de six ans, la tâche n'est "ni plus ni moins difficile qu'auparavant", plus d'un sur trois pensent au contraire que cela devient de plus en plus difficile (39%, contre 17% pour qui ce serait devenu plus facile). On constate que le niveau de revenu est sur ce point un facteur très clivant : 29% des parents dont le revenu annuel est supérieur à 300 000 F considèrent la tâche comme plus difficile, contre 47% chez les personnes gagnant moins de 108 000 F. Les difficultés rencontrées par les parents sont de nature multiple. Les craintes ressenties concernent d'abord la sécurité de l'enfant, et plus spécifiquement le "sentiment de ne pas pouvoir suffisamment les protéger des influences extérieures (télévision, camarades…)". Cet aveu d'impuissance, ressentie par 60% des personnes interrogées, est certainement à relier aux problématiques de l'insécurité en milieu scolaire, très présente à l'esprit des parents actuellement. Mais on relève aussi des difficultés relatives au temps et aux moyens dont ils disposent. Ainsi, six parents sur dix regrettent de ne "pas assez voir et profiter de leur enfant", et un sur deux déclare "manquer de moyens financiers pour l'élever comme il le souhaite". La moitié des parents se sent également désarmée, ne sachant "comment s'en sortir, entre activité professionnelle, tâches ménagères, activité professionnelle et éducation de l'enfant". On relève par ailleurs que les parents d'enfants de moins de 6 ans avouent aujourd'hui vivre des craintes que l'on aurait pu penser être réservées aux parents de jeunes adolescents ou de pré-adultes. Ainsi, 49% d'entre eux disent avoir fréquemment ou parfois le sentiment de ne pas comprendre les réactions de leur enfant, 37% de manquer de connaissance dans la façon dont il faut l'éduquer et plus globalement, 33% d'avoir besoin d'aide dans la gestion quotidienne de leur enfant. Plus globalement, une bonne part des parents d'enfants de moins de six ans se montre intéressée par une aide à domicile. Ainsi, lorsqu'on leur demande sur six domaines de la vie de l'enfant s'ils souhaitent une aide à domicile, les trois quarts des parents interrogés répondent par l'affirmative dans au moins l'un des domaines proposés.Ils reconnaissent plus particulièrement nécessiter de l'aide dans les domaines ayant trait à la vie quotidienne de l'enfant : soigner ou s'occuper de l'enfant à domicile lorsqu'il est malade (44%), s'occuper des tâches ménagères au foyer (44%) ou encore s'occuper de l'enfant pendant la journée (33%). En fait, ils se montrent plus souvent intéressés par les aides qui ne remettent pas directement en cause leur qualité de parent. En revanche, dans le domaine du cœur des relations parents-enfants stricto sensu, les pères et les mères d'enfants de moins de 6 ans se montrent beaucoup moins intéressés par une aide extérieure. Si les conseils en matière d'éducation intéressent un parent sur cinq, les aides dans la résolution d'un problème relationnel (13%) comme dans le domaine de la vie domestique de l'enfant (7%) sont le plus souvent rejetées. En cas de problèmes graves enfin, comme la maladie d'un membre de la famille, les parents se montrent plutôt désemparés. Seulement un sur trois estime pouvoir se faire aider en permanence par un membre de leur famille, 14% par des amis ou un voisin. La majorité ne pourrait en revanche se faire aider que de temps en temps. On imagine que la plupart des parents de très jeunes enfants ne connaissent pas les services que proposent les associations d'aide à domicile, en terme d'organisation de la vie quotidienne de l'enfant. Ce déficit de notoriété explique certainement qu'à peine 4% d'entre eux ont aujourd'hui le sentiment qu'ils pourraient faire appel, au quotidien, à ce type d'association.

Auteur(s)
  • Etienne Mercier Directeur Opinion et Santé - Public Affairs

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