Pour les jeunes, réussite rime avec épanouissement personnel

C’est peut-être la crise qui est passée par là, toujours est-il que le mythe de la réussite « bling-bling » a bel et bien vécu. Pour les jeunes, la réussite n’est pas d’avoir une Rolex à 50 ans (avis partagé par 89% de l’échantillon), ni d’écraser les autres (91%). Loin du matériel, on recherche avant tout la réussite affective (partager du temps avec les gens qu’on aime, être reconnu par ses proches, son entourage 83% de citations). Réussir signifie aujourd’hui être en adéquation avec soi-même, vivre avec ses valeurs et ce que l’on veut être. C’est devenue une question individuelle, une histoire d’intégrité personnelle (s’accomplir, vivre selon ses convictions).

« Quelqu’un qui a du succès, c’est quelqu’un qui a tout réussi… il a réussi l'amour, amis, travail. Il n'a besoin de rien d'autre » (Morgane, 19 ans)

De fait, les modèles de réussite sont à présent des héros méritocratiques, à l’éthique indiscutable : Bill Gates PDG de Microsoft, symbole d’une réussite par le travail légitime et une grande figure de générosité ; Barack Obama, le symbole de la diversité qui arrive contre tous à être président des Etats-Unis ; L’équipe de France de Handball qui illustre le réussir ensemble, la combativité et l’anti bling-bling, dans un sport plus ordinaire, n°1 à l’école primaire, que tout le monde à pu pratiquer.

« Il n’y a pas que la réussite financière, mais une participation sociale aussi comme Bill Gates avec ses côtés humanitaires. Bill Gates ou Steve Jobs ils sont reconnus par leurs pairs » (Pierre, 18 ans)

La vraie réussite passe aussi par l’ouverture d’esprit et la capacité d’adaptation, tant au niveau personnel qu’au niveau professionnel. Les jeunes français estiment aussi que la réussite est une question de volonté : il faut de la détermination (27% de citations), de l’ambition (21%) mais aussi saisir les opportunités (21%) pour réussir dans la vie !

« Il faut savoir saisir sa chance » (Linda, 21 ans)

La réussite s’exprime alors à travers un bien-être général qui passe par un travail que l’on apprécie et une vie affective et relationnelle riche. Si le travail est cité en premier comme marqueur de la réussite (20%), c’est dans sa dimension affective (un travail que l’on aime, et pas forcément le plus valorisant socialement). Une vie affective et riche, et le fait d’avoir des enfants arrivent quant à eux en 2^ème et 3^ème position.

« La réussite d’une vie c’est mes parents, ils ont maison voiture et enfants, ils sont bien » (Katia, 19 ans)

La réussite est ainsi définie comme une succession de petits bonheurs, qui se partagent avec ceux que l’on aime. Ainsi pour 88% des 15-34 ans, les petites réussites du quotidien sont importantes. Le sentiment d’inaccessibilité à certains fondamentaux de la réussite, tels que le travail et le logement, pousse les jeunes à rechercher tout ce qui ne s’achète pas, à savoir la famille, les amis et le réseau. Des petites réussites quotidiennes qui se partagent (fous rire, faire plaisir…). Les 15-18 vivent aussi des petits bonheurs plus ou moins virtuels, comme surpasser un ami aux jeux vidéos (14%), partager une vidéo sur Internet (11%) voire faire rire sur Internet (10%)

« Pour moi, la réussite c’est des petits moments qui nous font sourire, il n’y a pas besoin d’avoir un état d’heureux constant, c’est des petits moments » (Daphnée, 33 ans)

Les réseaux sociaux amplifient les petits bonheurs personnels et leur confèrent une valeur de réussite.

Si rien ne vaut le téléphone ou la rencontre physique pour partager une bonne nouvelle (moyens préférés selon respectivement 31% et 41% des sondés), le SMS (93% de citations au total), l’email (82%), le chat (60%, 86% chez les 15-18) et Facebook (61%, 79% chez les 15-18) sont très largement utilisés. La notion de partage reste omniprésente pour 93% des 15-18 ans, qui ont besoin de partager les réussites personnelles dont ils sont fiers avec leurs amis.

En marge de ce bonheur Hi-Tech, les réseaux sociaux sont devenus incontournables pour les jeunes, dans presque tous les domaines. La recherche d’emploi ou de stage, est ainsi devenue « multi moyens » : les moyens traditionnels persistent (ANPE, 70% de citations, petites annonces, 57%, réponses à des offres sur les sites Internet des entreprises, 66%), mais les réseaux sociaux affichent de bons scores, qui devraient progresser dans les années à venir. 36% des jeunes ont ou vont utiliser Viadeo / linked’in (43% pour les 18-24), 31% pensent à Facebook (37% pour les 18-24)

Le cœur n’est pas en reste. Même si pour rencontrer l’âme sœur, Meetic (18% de citations tout de même) arrive loin derrière le copain de fac (74%), l’ancien ami qui devient le petit copain / copine (58%), la classique présentation par des amis communs (69%) ou bien sur le collègue (41% des 25-34), les 15-18 utilisent aussi massivement Facebook (30% vs 3% pour Meetic et consorts) et le chat en ligne (29%)

« J’aime bien onvasortir.fr, ça permet de rencontrer des filles, c’est sympa » (Antoine – 22 ans)

De même, si le téléphone et le temps passé avec son partenaire sont les moyens les plus plébiscités au sein d’une relation, une nouvelle tendance émerge car les 15-18 qui utilisent massivement Facebook (30%) et le chat. Logiquement, le Smartphone et toutes ses fonctionnalités (emails, applications et GPS) est donc devenu le téléphone de la personne qui a réussi dans la vie. Il doit offrir des caractéristiques complètes : emails, boutique d’applications, permettre de chatter, solution de navigation GPS, lecteur musical... Le design est certes important (65%) mais l’email est la fonction la plus importante (73%), avant l’accès aux applications.

« il y a quelques années, la réussite c’était le fait d’avoir un téléphone avec Internet… Je sais que je ne vais plus dépendre, je ne suis plus coupé du monde, au courant de tout ce qui passe. A l’époque, je me disais qu’une fois que j’aurais ça je serai un peu plus avancé par rapport à avant » (Christophe, 25 ans)

« Avoir un Smartphone c’est un signe de réussite, un indicateur qu’on a réussi ! » (Fabien, 22 ans)

En terme de marque enfin, les symbole de la réussite pour les 15-34 ans sont issues de l’Internet : Google, Facebook, Microsoft. Mais avec l’idée très présente que la réussite passe également par des valeurs de la vie comme l’entraide, le partage et le don de soi, on retrouve l’UNICEF dans les résultats. Les marques de luxe sont en revanche ostensiblement rejetées, pour des causes de superficialité et de paraître.

Au final, l’image actuelle de la réussite pour les jeunes ne correspond que dans une certaine mesure aux grands poncifs attendus. Entre réussir ou rater sa vie, il existe des objectifs intermédiaires : valoriser plutôt des réussites alternatives, différentes, surprenantes voir trouver des moyens nouveaux de réussir et des satisfactions plus nombreuses et récurrentes comme les petites réussites, assimilés à des petits bonheurs. On note aussi l’importance de l’affectif, de la famille et le rejet du clinquant.

L’essentiel pour les jeunes est surtout de partager ces réussites et notamment sur les nouveaux réseaux sociaux. Les réussites n’ont de valeur que mise en commun et en perspective dans les yeux de l’autre. Réussir est important surtout en groupe, ensemble !