Réforme des retraites : huit Français sur dix souhaitent un nouveau débat
La huitième édition de l'Observatoire Français des Retraites réalisé par Ipsos pour l'UMR et Liaisons Sociales révèle que 79% des Français souhaiteraient que les mesures votées en octobre 2010 dans le cadre de la réforme des retraites fassent à nouveau l'objet de débats lors de la prochaine campagne présidentielle. Les sentiments les plus souvent évoqués par les Français lorsqu'ils pensent à cette réforme sont d'ailleurs la colère (54% de citations) et la résignation (52%).
La confiance des Français à l’égard de leur retraite est nettement retombée depuis le vote de la réforme. L'inquiétude est désormais majoritaire en ce qui concerne "la capacité à vivre de façon indépendante" à la retraite (56%, + 13 points) et "la santé et l'accès aux soins" (57%, +12 points), et de plus en plus forte quant au "niveau de vie" (68%, +14 points) et au "montant de la retraite" (76%, +11 points). La plupart des catégories de population sont touchées par cette baisse de la confiance, y compris les retraités : seule une minorité d’entre eux reste confiante quant au niveau de vie au moment de la retraite (45% ; -19 points par rapport à novembre 2010) ou au montant de la retraite (41% ; -16 points). Ainsi, alors qu’en novembre dernier on observait pour la première fois depuis plusieurs vagues une hausse de la confiance des Français à l’égard de leur retraite, l’ensemble des indicateurs mesurés retrouve leur niveau de mai 2010.
Ce qui n'est pas retombé en revanche c'est la colère des Français par rapport à la réforme. C'est toujours le premier sentiment évoqué lorsqu'on leur demande ce qui leur vient spontanément à l'esprit quand ils pensent à la réforme (54% de citations, + 1 points par rapport à novembre). La colère est donc loin de s’apaiser, notamment chez les 45-59 ans, les premiers concernés (74% de citations, +7 points par rapport à novembre dernier). Elle monte également chez les moins de 35 ans (55% ; +6 points) qui sont désormais aussi nombreux à évoquer ce sentiment que leurs aînés (54% ; -1 point). Après la colère vient la résignation, elle aussi croissante (52% de citations, +7 points). Moins souvent, on évoque "l’indifférence" (26% ; +6 points, et 36% chez les moins de 35 ans). La réforme n'inspire que peu de sentiments positifs : 14% des personnes interrogées citent tout de même "la satisfaction" (-4 points par rapport à novembre), et 12% "le soulagement" (-4 points également).
L'étude montre pourtant que seule une minorité de Français a une idée précise de l’impact des réformes sur sa situation personnelle (37%, dont 10% qui déclarent en avoir une idée "très" précise). Plus d’une personne sur quatre ne se considère d’ailleurs pas concerné par cette réforme (26%, y compris parmi des populations potentiellement touchées). Mais les Français souhaitent en revanche très majoritairement (79% dont 52% « tout à fait ») que les mesures votées en octobre 2010 dans le cadre de la réforme des retraites (bornes d’âge, prise en compte de la pénibilité…) fassent à nouveau l’objet de débats lors de la prochaine campagne présidentielle. Le souhait d'une rediscussion est massif chez les 45-59 ans (91%), les employés (90%) et les ouvriers (87%). Les sympathisants de la gauche parlementaire sont eux aussi logiquement plus nombreux que la moyenne à vouloir débattre de ces mesures (88% dont 95% des sympathisants du PC et du Front de Gauche). Mais les deux tiers des sympathisants UMP sont aussi de cet avis (65%).
Notons enfin que les comportements d’épargne retraite ont peu évolué depuis la réforme : moins d’un Français sur deux dit aujourd’hui avoir épargné d’une manière ou d’une autre en vue de sa retraite (49% contre 53% en avril 2009). Parmi ces Français qui ont déjà épargné, seuls 26% l’ont fait régulièrement (contre 31% en avril 2009). La crise et le pouvoir d’achat en berne des Français expliquent en partie que l’épargne en vue de la retraite n’ait pas augmenté, et même ait légèrement diminué. Lorsqu’ils ont épargné en vue de leur retraite, les Français ont surtout privilégié des investissements non spécifiques : 70% d’entre eux ont ouvert un plan d’épargne non spécifique à la retraite (Livret A, PEL, Assurance Vie…) et 44% ont investi dans l’immobilier (y compris dans l’achat de leur résidence principale). Seuls 29% ont souscrit au moins un produit d’épargne spécifique retraite (individuel et/ou collectif). Enfin, interrogés sur l’acteur auquel ils feraient le plus confiance pour les conseiller sur les solutions d’épargne retraite, les Français placent dans le trio de tête : une banque (27%), leurs proches (26%) et une mutuelle (21%).
Fiche technique :
Sondage effectué pour : Union Mutualiste Retraite (UMR) en partenariat avec Liaisons Sociales
Échantillon : 1 014 personnes, constituant un échantillon national représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus.
Date du terrain : Du 8 au 9 avril 2011.
Méthode : Échantillon représentatif de la population française interrogé par téléphone.
Méthode des quotas : sexe, âge, profession du chef de famille, catégorie d’agglomération et région.
Interrogation réalisée à partir d’un fichier de contacts extrait de façon aléatoire de l’annuaire téléphonique, après stratification par région et catégorie d’agglomération.