Temps Libre : l'observatoire Ipsos/Club-Med
Enjeu économique, social, culturel, Ipsos Observer propose une première analyse en profondeur des comportements, usages des français vis à vis du temps libre. D'emblée, quelques idées préconçues disparaissent. En particulier, les français n’ont pas découvert le temps libre avec la réduction du temps de travail. La RTT a en revanche participé à l’atomisation des comportements, à faire évoluer l’idée que l’on se fait du temps libre. Désormais chacun personnalise et décline son temps libre selon une partition diversifiée et plurielle. La demande change.
A l’ère du temps libre, temps pour soi, temps plaisir, de nouveaux groupes s’affirment. Ils seront le moteur de l’économie des loisirs de demain.
Les "Eclectiques" (18% des Français) : le goût de la diversité gouverne leur consommation de loisirs. Le monde est tout juste assez grand pour eux. Le voyage (59% effectuent au moins un court séjour de 4 jours ou plus par trimestre ; 53% ont effectué un voyage à l’étranger au cours des 12 derniers mois…), pour ces jeunes (63% ont entre 18 et 34 ans), plus qu’une habitude, appartient à leur mode de vie. Les "Eclectiques" se singularisent de leurs parents, en ne se référant plus (ou moins en tous cas) à des systèmes idéologiques préfabriqués. Au contraire, ils personnalisent leurs principes en les adaptant à leur univers de proximité. Cela les rend curieux, novateurs (54% sont attentifs aux nouvelles tendances ; 46% profitent de leur Temps Libre pour essayer de nouvelles activités). Ils ont l’appétit des défricheurs, écoutent les tendances, suivent les modes quand ils ne les anticipent pas. On devine dans les comportements de ces urbains (60% vivent dans des agglomérations de plus de 100.000 hbts), une consommation éclairée, qui mêle la recherche du plaisir avec les exigences d’un citoyen cohérent. Cela signe une identité, celle d’une génération où la personne a pris le pas sur l’individu. L’épanouissement personnel est revendiqué, plébiscité même, mais toujours en harmonie avec l’environnement social, en porosité avec la communauté à laquelle on se rattache. Le bénéfice individuel tire sa richesse et son sens du bénéfice partagé (71% privilégient des activités de temps libre qui favorisent des rencontres avec d’autres personnes). Embauchés "à 5 semaines de congés payés +12 jours RTT", ils sont la génération "35 heures" (46% bénéficient de RTT) et développent une authentique culture du temps libre en multipliant les "breaks vacances" sur de courts séjours, en fléchant leur pouvoir d’achat disponible sur une consommation de loisirs qu’ils achètent souvent seul ou en couple, mais veulent consommer à plusieurs.
Les "Globe-trotters" (18% des Français) veulent Vivre pleinement le temps libre ; s’épanouir, en profitant sans entrave de cette liberté si précieuse d’un temps consacré à soi. Voilà le moteur de ce groupe dont l’âge des individus varie entre 45 et 65 ans (52% ont plus de 45 ans). Ils ont de l’argent, ils veulent en profiter (25% disposent de revenus annuels supérieurs à 36.000 euros). Enfants de 68, pour en avoir été les acteurs directs ou les bénéficiaires indirects, ils n’ont pas abdiqué leur leadership sur la société. Ce n’est pas l’heure de passer le témoin. Ils restent avides de nouveauté, de découverte, et plébiscitent la créativité.
La qualité de vie et la recherche de l’épanouissement personnel (90% estiment qu’il est important d’entretenir leur corps, leur apparence ; 56% trouvent qu’organiser un bon repas c’est offrir du plaisir aux autres…) sont primordiales pour ces français, vivant la plupart en couple, dont les enfants sont partis ou sur le point d’être autonomes. La province est leur territoire. Elle est, entre la ville et la campagne, le théâtre d’une vie active, curieuse et ouverte sur la société et les cultures. Une offre de loisirs plus pauvre qu’en Ile de France, doublée d’une mobilité plus grande les invite naturellement au voyage. Les plus âgés appartiennent à la génération des "masters", à l’aube d’une nouvelle vie - la retraite - dont ils démentiront qu’elle est d’abord une période d’inactivité. Sportifs (48% s’accordent à trouver que le sport est essentiel à leur équilibre physique et mental) et dynamiques, le soin du corps, le souci du bien être personnel, la recherche de l’harmonie et de la sérénité intellectuelle et psychologique caractérisent la sagesse nouvelle d’une des générations les plus turbulentes du siècle. Ils ont voulu refaire le monde, ils veulent maintenant puiser dans ses richesses un bénéfice personnel. Et ils consacrent leur pouvoir d’achat à une consommation variée, exigeante et personnalisée de loisirs. Ils voyagent beaucoup (72% d’entre eux alternent WE prolongés dans d’autres résidences, séjours dans les villes françaises ou dans des capitales étrangères), sont attachés à une offre de loisirs qui garantit leur quête de liberté, de plaisir et de connaissance.
Voyage, l’invitation au rêve :
A l’ère de la globalisation, à l’ère où le lointain s’invite virtuellement chez chacun, à l’ère ou la communication abolit toutes les frontières, poser le pied et ses valises ailleurs, profiter de la richesse concrète et palpable du voyage, appartient toujours au rêve des Français (les voyages apparaissent comme la 1ère des activités de Temps Libre rêvées sur 23 étudiées). Mieux, plus on voyage, plus l’envie se fait contagieuse. "Eclectiques" et "Globe-trotters" sont dans ce domaine croyants et pratiquants. La pratique régulière du voyage, loin de gommer le désir de découverte, l’aiguise et l’accroît. En revanche, la démocratisation du voyage n’a pas signifié sa banalisation. Voyager reste, et de loin, le rêve numéro un pour tous. Un rêve que l’opportunité de concrétiser ne remet pas en cause. Un rêve nourri par la certitude qu’il demeure toujours un eden qui sommeille quelque part, et attend votre visite. Les motivations des français vis à vis des vacances en témoignent. Au moment d‘arbitrer entre un temps libre chez soi avec les siens ou l’évasion, les Français, qu’ils voyagent peu ou beaucoup, se signalent par une préférence solide et répétée pour le voyage.
Pour plus d’informations :
Rémy Oudghiri
Directeur du département Tendances et Prospectives
Ipsos Insight
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