Une minorité de femmes a été victime d'une discrimination à l'embauche
Selon l'enquête Ipsos-Rebondir, la grande majorité des femmes n'a jamais eu le sentiment de ne pas avoir été embauché parce que le recruteur aurait préféré un homme. La moitié d'entre elles pensent toutefois qu'un congé de maternité freine la progression de carrière.
La discrimination sexuelle n'est pas facile à avouer ni à cerner. Seulement 7% des Françaises ont "déjà eu le sentiment d'avoir été victime de discrimination à l'embauche". Cependant, même si ce phénomène n'est apparemment pas aussi courant qu'on ne le dit parfois, le différentiel de réponses positives à cette question entre les femmes et les hommes (7% pour les femmes, mais seulement 1% pour les hommes) laisse à penser qu'une telle discrimination existe réellement. Près d'une femme sur cinq a été interrogée lors d'un entretien d'embauche sur son hypothétique souhait "d'avoir prochainement un ou des enfants". Cette question n'a été posée qu'à 9% des hommes. Parallèlement, on a demandé à 15% des femmes de décrire la manière dont leurs enfants étaient gardés, soit deux fois plus fréquemment qu'aux hommes (7%). La maternité, les problèmes de garde d'enfants semblent intéresser certains recruteurs. Il y a fort à parier qu'à compétences égales, ces derniers pencheraient plutôt pour employer un homme. Si la discrimination hommes/femmes à l'embauche existe, celle-ci semble donc avant tout être lié aux problèmes de garde d'enfants et de congés de maternité.
Les femmes ont d'ailleurs bien conscience du problème : 47% (contre 48% d'avis contraire) ont "le sentiment que le fait de prendre un congé de maternité freine sa progression de carrière" Les hommes sont encore plus nombreux à être du même avis (55%). Ainsi, plus d'une femme interrogée sur six a "décidé d'avoir un enfant plus tard que prévu par peur de perspectives d'avancement bloquées ou retardées". A tort ou à raison, 17% des Françaises ont ainsi privilégié pour un temps leur carrière professionnelle à la naissance d'un enfant.
Ce type de discrimination est toutefois lié à des pratiques sociales bien établies. Plus des deux tiers des femmes interrogées ayant un enfant prennent leur journée pour le garder lorsqu'il est malade. Seulement 6% des femmes déclarent que c'est leur conjoint qui garde le plus souvent leur enfant dans un tel cas ; et à peine 12% pratiquent l'alternance, déclarant que chacun des deux conjoints garde l'enfant alternativement. Nul doute que cette différence de disponibilité influence le choix d'une minorité de recruteurs. Cet exemple parlant de la garde des enfants malades montre que le rapport entre les sexes qui caractérise une société influence leur places respectives dans le monde du travail. Tout ne se résume pas au "sexisme" des employeurs.