Baromètre du moral des adolescents : un jeune sur quatre fait l’objet d’une suspicion d’un trouble anxieux généralisé

Depuis 10 ans, Ipsos mène des enquêtes sur la jeunesse pour Hélène Roques, experte en responsabilité sociale, Fondatrice de Notre avenir à tous, et depuis 4 ans une enquête transversale sur le moral des adolescents. Avec quatre ans de recul, cette étude devient un matériau unique pour mieux comprendre cette tranche d’âge, notamment l'état de leur santé mentale, leur rapport à l'école, leurs inquiétudes face au monde et à l'actualité.

Auteur(s)
  • Alexandre Leray Chargé d'études senior
  • Etienne Mercier Directeur Opinion et Santé - Public Affairs
Get in touch

Le niveau de bien-être psychologique des adolescents reste à un niveau préoccupant

Un ado sur quatre fait l’objet d’une suspicion d’un trouble anxieux généralisé

Plus d’un adolescent sur quatre fait l’objet d’une suspicion d’un trouble anxieux généralisé (25%). 45% des adolescents en France seraient potentiellement concernés par des troubles de l’anxiété (-4 points par rapport à 2023 mais +2 points par rapport à 2021). 

Le phénomène touche à un niveau équivalent les garçons (25%) et les filles (24%) et diminue très légèrement à l’arrivée au lycée. Les années collèges sont particulièrement difficiles pour les adolescents : 26% des 11-14 ans et 22% des adolescents âgés de 15 ans font l’objet d’un trouble anxieux généralisé.

Les indicateurs de mesure de la dépression ne s’améliorent pas. En ce qui concerne l’évaluation des troubles de la dépression, la situation reste stable : 40% des adolescents seraient potentiellement concernés par des symptômes dépressifs plus ou moins sévères (-1 point par rapport à 2023) et 17% seraient susceptibles de souffrir de troubles modérément sévères, voire sévères.

Le sentiment de fatigue atteint son plus haut niveau historique depuis 2021 (72%, +4 points par rapport à 2023).

La grande majorité des adolescents restent seuls face à leurs problèmes

Certes, le niveau de bien-être général « déclaré » par les jeunes reste stable (7,3/10 vs 7,2 l’année précédente). 84% des ados considèrent qu’ils vont bien, 11% que ça va moyennement et seulement 5% que ça va mal (notes comprises entre 0 et 4 sur 10). 

Toutefois, les adolescents sous-déclarent leur niveau de mal-être. Ainsi, 56% de ceux présentant une suspicion de trouble anxieux généralisé estiment aller bien. 

Plus de deux ados sur cinq qui souffrent d’une suspicion de troubles de l’anxiété généralisée disent n’en avoir parlé à personne. Et seulement 52% en ont parlé à un professionnel de santé. 

Et s’ils n’en parlent pas, c’est d’abord parce qu’ils n’en n’ont pas envie (34%) ou qu’ils considèrent que ce n’est pas assez grave (32%) ou qu’il faudrait d’abord qu’ils en parlent à leurs parents et ils ne le veulent pas (25%). Près d’un ado sur quatre déclare aussi qu’il aurait trop peur que les autres le découvrent (22%). 

Pourtant, près de sept ados sur 10 aimeraient qu’on leur donne les moyens de parler de leurs angoisses ou de leurs problèmes à des personnes qui peuvent les aider lorsqu’ils se sentent mal (67%).

L'école : là où s'exprime le mal-être de nombreux adolescents

Les notes : un motif d'anxiété pour un quart des adolescents

L’école est une réelle source forte d’angoisse pour un adolescent sur quatre (26%). Les notes et les interrogations sont en première ligne : 62% des élèves disent qu’il leur arrive d’être angoissés quand ils ont des interrogations ou qu’on leur rend des notes. 19% disent même que cela leur arrive souvent.

Les devoirs et les notes sont les sujets qui ont le plus d’impact sur la qualité du sommeil (48%, +1 point par rapport à 2023), loin devant les disputes avec les amis (40%, stable), la famille (33%, stable) ou les relations amoureuses (24%, + 2 points).

Des notes qu'un tiers des élèves n'arrivent pas vraiment à comprendre

Pour les devoirs notés, beaucoup d’élèves déclarent se faire aider par leurs parents ou un professeur particulier (44%), Et, pour près d’un adolescent sur cinq, par des outils comme ChatGPT ou d’autres outils d’IA (20%).

Lors des interrogations écrites, près d’un quart des élèves estime que dans sa classe la plupart des élèves trichent pendant les interrogations notées (25%) et presqu'un adolescent sur trois avoue qu’il lui arrive de tricher (29%).

Par ailleurs, plus d’un adolescent sur trois déclare ne pas vraiment travailler en dehors des périodes d’interrogations notées (34%).

Plus d’un tiers des élèves ne semble pas réussir à comprendre les explications des professeurs sur ses notes (35%) et 29% considèrent que les notes sont injustes (29%).

Lorsqu’ils ont une mauvaise note, les deux tiers des adolescents pensent en premier à la réaction de leurs parents, tandis qu’un sur cinq craint d’abord l’impact que la mauvaise note va avoir sur son image (22%). Moins d’un sur deux se pose des questions sur ce qu’il pourrait faire pour progresser (46%).

Le sentiment d'ennui et de décrochage à l'école reste fort

Près de quatre jeunes sur 10 déclarent « l’école, ça m’ennuie » (37%, -2 points). Par ailleurs, 40% des élèves ont le sentiment que ce qu’ils apprennent à l’école ne leur servira à rien : un chiffre en légère diminution par rapport à 2023 (-3 points).

Surtout, le sentiment de « décrochage » concerne aujourd’hui plus d’un élève sur quatre, soit parce qu’ils ont souvent le sentiment de ne pas comprendre les mots employés par les professeurs (28%), soit parce qu’ils considèrent ne pas avoir le niveau pour suivre les cours (26%).

Dans leur grande majorité, au cours des 15 derniers jours, les élèves déclarent avoir été très intéressés par certains de leur cours (77% contre 23% qui disent que cela n’a pas été le cas) mais cet intérêt s’érode légèrement (-2 points depuis 2022). Dans le même temps, les opportunités de débattre avec un professeur au sujet d’un cours semblent moins fréquentes (53%, -4 points par rapport à 2023), tout comme les discussions sur un sujet d’actualité qui les intéressent (39%, -6 points par rapport à 2023).

Les cyberviolences continuent de reculer mais concernent toujours un ado sur cinq

22% des élèves déclarent avoir déjà subi une situation de cyberviolence sur les réseaux sociaux. Si l’on se fie à leurs déclarations, le phénomène serait en diminution de près de 9 points depuis 2022 (31%).

Dans le détail, de nombreux ados restent confrontés à certains comportements de harcèlement comme des moqueries répétées (13%), des rumeurs (13%), des insultes répétées (11%), des menaces (10%) ou encore la diffusion d’informations intimes (8%).

Peut-être faut-il y voir un impact de la consultation lancée par le ministère de l’Education Nationale en 2023. Dans notre dernière enquête, près de 7 adolescents sur 10 déclaraient y avoir participé. Et ces derniers avaient déclaré que cette initiative leur avait permis de mieux comprendre les comportements qui relèvent du harcèlement (89%), de savoir ce qu’il faut faire lorsque l’on est témoin de ces situations (89%), voire à vouloir s’engager dans la lutte contre le harcèlement scolaire (61%).

L'information : une forte source d'incompréhension et d'anxiété

Les jeunes regardent de moins en moins l’actualité sur leur smartphone (50% le font, -10 points depuis 2022) et ils ont de plus en plus le sentiment que l’information qu’ils lisent sur leur smartphone leur est mal expliquée (59%, -9 points depuis 2022).

D’ailleurs face à l’actualité, l’incompréhension reste le sentiment prédominant (50%, +1 point depuis 2023) et l’angoisse atteint un niveau record (31%, +2 points), loin devant la colère (26%) ou l’ennui qui arrive en dernière position (17%), preuve que s’ils la comprenaient mieux, ils la regarderaient probablement plus.

Ce qui les stresse le plus dans l’actualité : toujours les violences faîtes aux enfants (44%), devant l’état du monde (41%) et celui de la planète (39%). La politique (14%) et ce qui concerne la sexualité et le genre (15%) sont les sujets qui les angoissent le moins.

La perspective d’avoir des enfants plus tard : toujours relativement basse et stable par peur de l’avenir

La mesure du désir d’avoir des enfants plus tard est stable, avec une incertitude très forte, logique au vu de l’âge : deux adolescents sur cinq savent aujourd’hui qu’ils voudront des enfants (43%). Les filles sont un peu plus certaines que les garçons d’en vouloir (48% contre 39% pour les garçons).

Mais plusieurs motifs progressent pour expliquer l’éventualité de ne pas avoir d’enfants plus tard : d’abord l’état du monde et la crainte que leurs enfants aient une vie trop horrible (46%, +11 points par rapport à 2023) mais aussi le souhait de préserver leur liberté (38%, +4 points) et de pouvoir se concentrer sur leurs passions (29%, +9 points).

Rapport complet

A propos de Notre Avenir à Tous

Notre avenir à tousAprès plus de vingt années au service du développement durable, après avoir conduit Doing Good Doing Well pendant une décennie pour accompagner les entreprises dans leur transition écologique et leur responsabilité sociale, Hélène Roques fonde Notre avenir à tous pour mobiliser des ressources avec des acteurs publics, privés, et associatifs, et initier des dynamiques également dans le domaine de l'Education.

Notre avenir à tous fonctionne comme un laboratoire qui enquête, conçoit des programmes et développe de nouvelles ambitions avec des entreprises et des institutions publiques, capables de mobiliser les collaborateurs, les clients, et les publics cibles.

En savoir plus →


A propos de ce sondage

Enquête menée par Ipsos pour Notre avenir à tous du 22 novembre au 6 décembre 2024 auprès d'un échantillon représentatif de 1000 jeunes âgés de 11 ans à 15 ans, construit selon la méthode des quotas. Méthodologie complète disponible dans le rapport d'étude.

Téléchargement
Auteur(s)
  • Alexandre Leray Chargé d'études senior
  • Etienne Mercier Directeur Opinion et Santé - Public Affairs

Société