23% des moins de 35 ans regardent des vidéos en conduisant
Smartphone, alcool, drogues : des jeunes conducteurs sous influence ? 19 % des hommes de moins de 35 ans conduisent en ayant consommé des drogues, 15 % des moins de 35 ans prennent le volant en état d’ébriété, 27 % des moins de 35 ans ne portent pas toujours leur ceinture de sécurité. A la veille du long week-end de l’Ascension, au cours duquel les Français seront nombreux sur les routes, la Fondation VINCI Autoroutes publie les résultats de son 13e Baromètre de la conduite responsable. Réalisée par Ipsos auprès de 12 400 personnes dans 11 pays européens, cette vaste enquête annuelle dresse un état des lieux des comportements et représentations des Européens au volant. Elle permet de suivre l’évolution des conduites à risque et des bonnes pratiques pour contribuer notamment à mieux orienter les messages de prévention.

Les résultats font apparaître chez les jeunes de moins de 35 ans [1] , en particulier les hommes, une surreprésentation des conduites à risque liées aux usages des smartphones (23 % regardent des films ou des vidéos en conduisant), à la consommation d’alcool ou de drogues et à la somnolence au volant. Autre phénomène inquiétant : près d’1 conducteur sur 3 de 16 à 24 ans se dispense du port de la ceinture de sécurité, alors même que cette règle est un incontournable du passage du permis de conduire.
Autre enseignement notable de ce Baromètre, la banalisation de l’usage du téléphone en Bluetooth : alors que plus d’1 conducteur sur 2 (55 %) téléphone de la sorte au volant, 67 % d’entre eux ne jugent pas cette pratique dangereuse et 15 % ont déjà eu, ou failli avoir, un accident en raison de son utilisation.
Cette édition 2023 fait aussi apparaître une désinhibition grandissante des conducteurs vis-à-vis du respect du code de la route et des autres usagers, dont les effets sont très perceptibles puisque 89 % des personnes interrogées disent avoir déjà eu peur du comportement agressif des autres conducteurs - un niveau record depuis la création du Baromètre.

Baromètre de la conduite responsable 2023
Les conversations téléphoniques et l’usage du smartphone au volant généralisés
- 74 % des conducteurs français (-1 point) utilisent leur smartphone ou programment leur GPS au volant (76 % des Européens [2])
- 62 % téléphonent au volant (+1, 66 %) dont 42 % régulièrement (42 %), soit +8 points vs 2018
- Toutes les tranches d’âge sont concernées : 78 % des moins de 35 ans (77 %) et 50 % des 55 ans et plus (55 %) téléphonent au volant.
- L’utilisation du smartphone en voiture est très largement d’ordre privé : c’est le cas pour 86 % des conducteurs en général (82 %), et pour 69 % des cadres [3] (69 %).
- L’usage du Bluetooth est banalisé et sa dangerosité sous-estimée : 55 % (56 %) des conducteurs téléphonent avec un système Bluetooth. Parmi eux, 67 % (71 %) ne jugent pas cette pratique dangereuse alors même que 15% (18 %) ont déjà eu ou failli avoir un accident en raison de l’utilisation du téléphone.
- 15 % des actifs qui conduisent participent à des réunions téléphoniques pour le travail lorsqu’ils sont au volant, (-1, 22 %). Parmi eux, 34 % ne jugent pas cette pratique dangereuse (40 %) alors que 59 % (44 %) ont déjà eu ou failli avoir un accident en raison de l’utilisation du téléphone au volant.
Alcool, drogues, médicaments : des comportements moins isolés qu’il n’y paraît, et qui concernent particulièrement les jeunes hommes
- 9 % des conducteurs français (+1, 7 %) - et même 20 % des hommes de moins de 35 ans - reconnaissent prendre le volant en état d'ébriété et 9 % (-1, 11 %) des conducteurs français déclarent avoir eu ou failli avoir un accident à cause de la consommation excessive d’alcool. Un chiffre qui atteint 27 % des hommes de moins de 35 ans (25 %).
- 12 % (10 %) - et 26 % (20 %) des hommes de moins de 35 ans - conduisent en ayant consommé des médicaments susceptibles d’altérer leur vigilance.
- 4 % (-1, 5 %) - et 19 % (17 %) des hommes de moins de 35 ans - conduisent en ayant fumé du cannabis ou consommé des drogues.
Somnolence : une conscience du risque principalement identifiée sur autoroute et des mesures de prévention encore insuffisamment adoptées
- 8 % (7 %) des conducteurs français identifient la somnolence comme l’une des principales causes d’accidents mortels sur les routes en général et 37 % (-3, 20 %) sur autoroute.
- 29 % (-3, 26 %) ont déjà eu l’impression de s’assoupir quelques secondes au volant.
- Plus d’1 conducteur sur 8, soit 13 %, (15 %) a déjà eu ou failli avoir un accident lié à la somnolence.
- 2h56 (+1 minute, 3h12, -2 minutes) c’est le temps moyen avant l’arrêt lors d’un long trajet, soit une durée de conduite bien au-delà des 2 heures recommandées.
Incivilités au volant : les conducteurs eux-mêmes victimes de leur désinhibition
- 68 % admettent injurier d’autres conducteurs (+3 en 2 ans, 52 %).
- 59 % klaxonnent de façon intempestive les conducteurs qui les énervent (+6% en 2 ans, 50 %).
- 18 % descendent de leur véhicule pour s’expliquer avec d’autres conducteurs (-2 en 2 ans, 22 %).
- 89 % des conducteurs français ont déjà eu peur du comportement agressif des autres conducteurs (+1, 84 %). C’est le niveau le plus haut depuis la création du Baromètre
Non-respect du code de la route : sous couvert de négligence, des infractions caractérisées
- 13 % (+1, 22 %) des conducteurs déclarent qu’il leur arrive de ne pas attacher leur ceinture.
- 27 % des moins de 35 ans (30 %) et même 31% des jeunes de 16 à 24 ans (32 %).
- Près de 9 sur 10, soit 89 % des Français, (84 %), dépassent de quelques kilomètres/heure la limitation de vitesse (84 %).
- 16 % (-1, 18 %) ont déjà eu ou failli avoir un accident en raison d’une vitesse excessive ou inadaptée.
Sécurité des intervenants sur autoroute [4] : la connaissance de la règle du corridor de sécurité progresse mais son application n’est pas systématique
- 67 % des conducteurs français n’appliquent pas systématiquement la règle du corridor de sécurité (-6 points depuis 2020), et même 18 % ne connaissent pas cette règle (-9 points).
- 54 % oublient de ralentir à proximité d’une zone de travaux (-3, 51 %).
"Les conducteurs ont beau être conscients des dangers du smartphone au volant, du manque de sommeil ou de la consommation d’alcool ou de drogues, ils ont de plus en plus de difficultés à accepter les contraintes inhérentes à la conduite d’un véhicule. Les jeunes en particulier cherchent le compromis entre les sollicitations de la vie sociale et la conduite sûre, quitte à prendre des risques." Bernadette Moreau, Déléguée générale de la Fondation VINCI Autoroutes
Zoom jeunes conducteurs
Hyperconnexion, addictions, manque de sommeil, autant de facteurs qui exposent particulièrement les jeunes aux risques d’accidents sur la route
Alors qu’ils sont pour la plupart des conducteurs novices et parfois encore soumis à un permis probatoire, les jeunes de moins de 35 ans sont nombreux à s’autoriser consciemment ou inconsciemment des libertés vis-à-vis du code de la route. Comme le souligne David Le Breton, le code de la route est « vécu [par le jeune] comme une gêne intolérable le dépossédant de son évaluation propre des circonstances, il est alors l’objet d’une permanente réinterprétation » [5].
Premier signe de ce désir de s’affranchir des règles : le non-port de la ceinture de sécurité atteint 27% des moins de 35 ans (30 %), 31 % des 16-24 ans (32 %) et même 41 % des hommes de cette tranche d’âge (41 %), alors même que le respect de cette règle doit être totalement intégré pour le passage du permis de conduire.
Autre marqueur de la volonté d’autoévaluer le risque encouru : la consommation d’alcool, de drogues et de médicaments qui atteint des niveaux nettement plus élevés chez les plus jeunes, notamment les hommes.
Ainsi parmi les hommes de moins de 35 ans :
- 20 % (28 % des 16 à 24 ans) reconnaissent qu’il leur arrive de prendre le volant en état d'ébriété - vs 9 % de l’ensemble des conducteurs (17 % - 21 % des 16 à 24 ans – vs 7 % de l’ensemble des conducteurs) ;
- 27 % déclarent avoir déjà eu ou failli avoir un accident à cause de la consommation excessive d’alcool (25 %) ;
- 26 % conduisent en ayant consommé des médicaments susceptibles d’altérer leur vigilance - vs 12 % (20 % vs 10 %) ;
- 19 % (21 % des 16 à 24 ans) conduisent en ayant fumé du cannabis ou consommé des drogues - vs 4 % de l’ensemble des conducteurs (17 % - 21 % des 16 à 24 ans – vs 5 %).
Nouvelle illustration des analyses de Jocelyn Lachance, maître de conférences en sociologie [6] , les jeunes peinent à se détourner de leur « compagnon numérique de la route » lorsqu’ils conduisent, le risque de la déconnexion primant bien souvent à leurs yeux sur le risque de la déconcentration qu’ils ont d’ailleurs tendance à largement sous-estimer.
Ainsi parmi les moins de 35 ans :
- 70 % téléphonent au volant avec un système Bluetooth (66 %) et parmi eux, 61 % jugent que ce n’est pas dangereux (67 %) ;
- 54 % envoient ou lisent des SMS ou des mails (43 %), 49 % des 16 à 24 ans (44 %), alors même que 80 % d’entre eux jugent cela dangereux (77 %) ;
- 23 % regardent des films ou des vidéos en conduisant (23 %), 36 % des hommes de 16 à 24 ans, (38 %) mais parmi eux, 74 % jugent que cette pratique est dangereuse (71 %).
- 24 %, soit près d’1 Français sur 4, a déjà eu ou failli avoir un accident en raison de l’utilisation du téléphone au volant (23 %).
Par ailleurs, 57 % des jeunes de 16 à 24 ans continuent de conduire même quand ils se sentent très fatigués (54 %). Pourtant, cette tranche d’âge est particulièrement exposée à une dette de sommeil chronique [7] , qui se manifeste du reste dans les résultats puisque 42 % (35 %) ont déjà eu l’impression de s’être assoupis en conduisant soit 13 points de plus que l’ensemble des conducteurs (9 points de plus).
- 29 % (26 %) ont déjà eu ou failli avoir un accident à cause d’un épisode de somnolence - vs 13 % de l’ensemble des conducteurs (15 %). En revanche, les jeunes ne se démarquent pas de l’ensemble des conducteurs en matière d’excès de vitesse et d’incivilités. Ils ont toutefois un peu moins tendance à l’autosatisfaction que leurs ainés.
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A propos de la Fondation d’entreprise VINCI Autoroutes pour une conduite responsable Créée en février 2011, la Fondation VINCI Autoroutes est à la fois un laboratoire, un observatoire et un outil d’information dédié à l’évolution des comportements. Investie depuis l’origine dans la promotion de la responsabilité individuelle et collective sur la route, elle a progressivement élargi son territoire d’action à l’éducation, au respect de l’environnement et à l’ouverture aux autres par la lecture. Autant de traductions, pour tout un chacun, de l’aspiration à bien (se) conduire sur la route. En 2022, la Fondation investit un nouveau domaine, en soutenant des projets de préservation et de restauration du patrimoine naturel dans les territoires. Ses champs d’action : - Faire progresser la recherche en finançant des recherches scientifiques innovantes dans différents champs des conduites à risques, du respect de l’environnement et de la lecture comme vecteurs d’amélioration des comportements et, dans le domaine du génie écologique, en mesurant l’impact dans la durée des actions de restauration des milieux naturels soutenues ; - Sensibiliser le grand public en menant des campagnes d’information et de sensibilisation aux risques routiers, à la conduite responsable et à la préservation de l’environnement ; - Soutenir des initiatives associatives et citoyennes en promouvant des projets en faveur d’une mobilité sûre, respectueuse des autres et de l’environnement et en accompagnant des projets de restauration écologique. |
[1] En 2021, 30,7 % des personnes tuées sur la route étaient des jeunes de 18 à 34 ans alors qu’ils représentent près de 20 % de la population française. Source : ONISR – La sécurité routière en France. Bilan de l’accidentalité de l’année 2021.
[2] En italique : les résultats européens.
[3] Cadres de direction, gérants, professions intellectuelles
[4] En moyenne, plus de deux véhicules d’intervention sont heurtés chaque semaine sur le réseau autoroutier concédé.
[5] Les jeunes au volant, érès éditions - 2022
[6] Conférence-débat sur les jeunes au volant organisée par la Fondation VINCI Autoroutes en mars 2022
[7] Etude sur le sommeil des adolescents publiée par la Fondation VINCI Autoroutes en février 2023 : « Rythmes circadiens, rites et sommeil à l’adolescence et perception des risques : une approche familiale ».
À propos de cette étude
Pour réaliser le Baromètre de la conduite responsable, Ipsos a interrogé du 5 au 31 mars 2022, par Internet, 12 400 personnes âgées de 16 ans et plus, dont 2 400 Français et 1 000 personnes minimum dans chacun des 10 autres pays sondés (Allemagne, Belgique, Espagne, Grèce, Italie, Pays-Bas, Pologne, Royaume-Uni, Slovaquie, Suède). La représentativité de chaque échantillon est assurée par la méthode des quotas